Les lettres

Dans cette interminable lettre (la plus longue jamais écrite pour La Disparition), l’écrivain Raphaël Meltz s’adresse directement à Roberto Bolaño pour reparcourir, à ses côtés, les derniers mois de sa vie. Bolaño, malade du foie, en attente d’une greffe, est en train d’achever ce qu’il présente lui-même comme « une œuvre monstrueuse » : son dernier roman, 2666. Tombeau pour un écrivain et pour un livre devenus depuis, l’un et autre, mythiques – « nous vivons dans un désert d’ennui, un désert infini d’ennui qui commence à notre naissance et se termine à notre mort ».

Carte postale : Playboy.

Longtemps atteinte de terreurs nocturnes, Lou Syrah a griffonné des années durant dans ses carnets de rêves les histoires formées pas la nuit. Jusqu’au jour où l’insomnie est venue frapper à sa porte. Dans cette lettre fiévreuse et drolatique, la journaliste et autrice raconte son petit périple pour retrouver ses rêves disparus du jour au lendemain. Elle nous immerge dans les récits nocturnes des Français.es étudiés pendant le confinement. Loin des mythes ou de la psychiatrie, le rêve est aussi une matière politique pour penser notre époque.

Dans ce courrier, la journaliste Camille Regache retrace l’histoire de l’anonymat du don de gamètes, et sa récente disparition. Dans un récit mêlant l’enquête à l’intime, elle s’interroge quant aux conséquences d’une telle disparition, à la fois pour les donneur·euses et pour les enfants nés d’un don.

Carte postale signée Emma Bertin.

Dans ce courrier fleuve, l’écrivaine Norah Benarrosh Orsoni part sur les traces mythiques de la vie lesbienne à San Francisco et des lieux qui l’abritèrent. Entre désillusion de découvrir une ville aux mains des ingénieurs de la tech qui a vu disparaitre les bars, les clubs, et nécessité de documenter un moment historique dans la culture lesbienne et plus largement LGBT, Norah nous plonge dans un monde de luttes, de joies, de fêtes, de solidarité, de violences et de beauté.

La carte postale est une affiche réalisée par le collectif queer anonyme Boy / Girl With Arms Akimbo, actif entre 1989 et 1992 à San Francisco.

Dans cette lettre, le romancier Didier Castino prend la voix de sa mère pour s’écrire à lui-même. Elle raconte son histoire familiale. Celle d’un père entré à l’usine à 16 ans et mort d’un accident du travail, écrasé par un moule de sept tonnes. Celle d’une disparition qui ne passe pas, ne disparait pas. D’une présence au pluriel portant le nom de tous les autres, qui meurent chaque année, victimes d’accident du travail. Une parole qui s’adresse aux vivants.

La carte postale est signée Nine Antico.

Dans ce courrier, Emna Zina Thabet revient à Gabès, « la seule oasis littorale de Méditerranée », là où elle a grandi. Aujourd’hui, l’oasis se meurt de la pollution liée à la transformation du phosphate. Elle disparaît. Son père aussi n’est plus là. Dans les rues et les maisons qui lui reviennent à la vue et en mémoire, elle retrace l’histoire de ce bout de paradis violenté par l’appétit industriel de l’Humanité et interroge la place que nous faisons aux souvenirs, à tout ce qui pousse, à tout ce qui meurt.

Carte postale d’archive.

Dans cette lettre, Elie Hervé raconte son combat pour obtenir une hystérectomie, l’ablation chirurgicale de l’utérus. À travers son expérience et celle d’autres personnes, femmes, trans, non-binaires, se dessine un parcours médical empli de violences et de douleurs envers les personnes qui ont fait ce choix. Une question se pose alors : quand disposerons-nous de nos corps ?

Carte postale signée Oan Goldy.

Connaissez-vous Germaine Berton ? Elle vécut au début du XXe siècle et milita dans la mouvance anarchiste. En 1923, elle assassina Marius Plateau, directeur de la ligue d’Action française, fondateur des camelots du roi et proche de Maurras et Daudet. Cinq coups de revolver. Un fasciste en moins. Elle fut jugée et acquittée, avant de sombrer dans l’oubli. Dans cette lettre, la journaliste Mathilde Saliou, dont le compagnon a découvert être de la même famille que Germaine Berton, retrace son histoire et avec elle, celle d’une grande Histoire qui oublie les femmes.

Carte postale signée Anna Uru.

Dans cette lettre, on embarque avec Robin Bouctot – journaliste, rêveur et marin pêcheur – dans le ventre d’un chalutier normand. Remué par la houle, on se confronte à la vie de ces forçats de la mer, à ce métier où « il y a plus de morts de que dans l’armée ». Le rythme infernal, l’humidité, la violence des relations humaines, la camaraderie, la quête incessante du poisson qui disparait, l’impossibilité écologique… tout est là. Mais jusqu’à quand ?

Carte postale signée Robin Bouctot.

Dans cette lettre, les journalistes Cécile Massin et Anouck Delfino s’intéressent à un souvenir d’enfance, celui des gardiens de leur immeuble. Elles partent à leur rencontre, toujours en place dans le même bâtiment. Puis, en donnant la parole à celles et ceux qui incarnent une idée passée de mode au temps de l’ubérisation : les concierges, elles racontent l’histoire d’une disparition à l’œuvre, inéluctable. L’heure est au choix : préférer l’emploi précaire et l’intérim ou les relations humaines et durables.

Carte postale signée Cécile Massin.

Dans ce courrier, le journaliste Émile Boutelier nous écrit depuis la forêt guyanaise sur les traces d’un animal mythique qui aurait bien pu disparaitre : le jaguar. Le félin, protégé, voit son territoire de chasse toujours plus réduit par la déforestation. Désormais, il attaque les animaux d’élevage de manière frénétique. Ce sont donc les éleveurs qui, les uns après les autres, disparaissent, abandonnés par la puissance publique, préférant mettre la clé sous la porte ou le calibre sur la tempe.

Carte postale signée Thibault Cocaign.

Dans cette lettre, le journaliste Mourad Aerts, spécialiste de l’Olympique de Marseille, nous plonge dans un monde parallèle… celui de la #VenteOM. Une histoire qui voudrait que le club phocéen ait été vendu en secret à l’Arabie Saoudite et que son propriétaire officiel, Frank McCourt, ne serait qu’un écran de fumée. Quand les mécaniques du complot se mêlent au sport de haut niveau et à la ferveur marseillaise, la réalité disparait aussi vite que ces nouveaux propriétaires gonflés aux pétrodollars.

Carte postale signée Théophile Sutter.

Dans cette lettre, la journaliste Pauline Ferrari tente une purification de l’air : celle de faire disparaître l’odeur de son violeur, de ses effluves de tabac froid, de bière tiède, et de parfum pour homme pas cher. C’est la tentative de guérir, par tous les moyens, en allant rencontrer celles qui ont réussi, qu’elles aient remplacé l’odeur par celle de la transpiration, d’autres corps, qu’elles l’aient noyée dans des bains de foule ou des cabinets de psychothérapie, qu’elles l’évacuent par l’art, le jeu ou la lutte. Après que la violence ait infiltré tous les pores, peut-on un jour revivre ? C’est une lettre intime qui se veut politique, pour penser l’après et panser les plaies.

Carte postale signée Laure Playoust.

Que reste-t-il d’un journal quand il disparait ? Dans ce courrier, l’ex-rédacteur en chef de feu Le Ravi, journal d’investigation satirique marseillais, revient sur une aventure éditoriale qui aura duré deux décennies. Entre galères de tunes et franches réussites, c’est toute une histoire de la presse indé française qui se dessine. À l’heure de la concentration des médias, une lettre qui rappelle l’importance du pluralisme et de la presse libre.

Carte postale signée Paul Rey.

Dans ce courrier, l’écrivain Sarah Roubato nous raconte la disparition de la judéité arabe française. Des Français d’Algérie de culture juive, qui naissent dans les crevasses des identités qui tremblent. Autour de la table de la grand-mère, trois générations de femmes se retrouvent pour raconter un morceau de cette histoire faite de silences transmis qui éclaire d’une lumière toute particulière l’actualité.

Carte postale signée Emma Bertin.

Dans cette lettre, l’autrice Hajar Azell nous entraine à Tanger, sur les traces d’Abdelkader Chatt, le premier écrivain d’expression française au Maroc. Un auteur que l’histoire n’a pourtant pas retenu, son livre tombé dans l’oubli, presque totalement disparu de la mémoire collective. L’Histoire n’appartient-elle qu’à ceux qui réclament des lauriers ? Quelle place fait-on aux discrets, à ceux qui restent loin du bruit ?

Carte postale signée Seif Kousmate.

Dans ce courrier, l’écrivain Anthony Passeron nous raconte la disparition du village de son enfance, dans les hauteurs de Nice. Ici comme ailleurs, on remplace les commerces par des caméras de surveillance et les rues se vident. C’est un village satellite de la grande métropole, ou plutôt satellisé par la grande métropole. On vient ici pour être au calme et dormir en paix. La vie disparait, alors on écrit pour dire qu’un jour, ici même, elle a existé.

Carte postale signée Lucie Longuet.

Dans ce courrier, Rémi Yang observe à travers son écran de smartphone la disparition du village de ses souvenirs d’enfance, là où habite une partie de sa famille. Au rythme des nouvelles que lui envoient son père, ses cousins, ses oncles et tantes, le journaliste raconte comment l’âme de Fengjia, patelin de la province du Shaanxi, disparait au profit du tourisme et de la gentrification. On pourrait être dans un village du Luberon, mais on se trouve en Chine à l’heure des disparitions mondialisées.

Carte postale d’archive.

Dans cette lettre, la journaliste Tiphaine Guéret nous écrit depuis le Cafi, la Cité d’accueil des Français d’Indochine, à Sainte-Livrade-sur-Lot. Dans ce camp, environ 1 500 personnes furent logées en 1956, après la guerre d’indépendance en Indochine. Des femmes et des enfants de colons français principalement. Aujourd’hui, il ne reste encore debout que quatre bâtiments, dont deux tombent en ruine. L’un d’entre eux va donc être transformé en musée dédié à l’histoire militaire de la France, bien loin de la mémoire des violences coloniales. Pourtant, les descendant·es de ces exilé·es semblent s’accommoder du projet. La journaliste s’interroge alors : comment trouver sa place dans des combats qui ne sont pas les siens ?

Carte postale Matthias Pasquet.

La journaliste Anne-Dominique Correa, qui a déjà écrit La disparition du cash, nous adresse une lettre depuis le Salvador. Elle nous raconte l’envers du décor de la disparition des gangs du pays et la politique violente de son président Nayib Bukele. Mégaprisons et personnes détenues arbitrairement, ou quand le pouvoir se sert de la délinquance pour assoir son autorité.

Carte postale signée Jan Sochor.

Dans ce courrier, Pierre Puchot nous fait revivre le Printemps tunisien à travers l’un de ses lieux symboliques, le Plug, un bar underground sur la mer, au nord de Tunis. À l’occasion des 13 ans de la révolution du jasmin, le journaliste s’interroge : que reste-t-il des revendications du peuple tunisien ?

Carte postale signée Pierre Puchot.

Dans cette lettre, Elie Hervé nous parle de la binarité de genre et nous emmène à la rencontre de personnes trans. Iel raconte les réalités de vie rencontrées dans différents pays et questionne la nécessaire évolution de la langue.

Carte postale signée Zanele Muholi.

Le journaliste Bruno Walter adresse une lettre posthume à l’écrivain Bernard Noël. Il lui raconte la disparition programmée d’un service public : le spectacle vivant. Après la santé ou l’éducation, c’est autour de la culture d’affronter les appétits prédateurs de ceux qui font de la rentabilité leur credo. En racontant l’œuvre de désintégration méthodique de l’écosystème culturel en région Auvergne-Rhône-Alpes, menée par Laurent Wauquiez, Bruno Walter rappelle l’importance d’une offre culturelle décorrélée des logiques financières. Et pose une question fondamentale : le marché ou l’émancipation collective ?

Carte postale signée Hans Kalmsteiner.

Dans cette lettre, la journaliste Adèle Surprenant nous raconte l’histoire qui se cache derrière la disparition de l’accent de sa mère, originaire du Nouveau-Brunswick, une province canadienne. Elle questionne ainsi son rapport à sa langue maternelle, le Français, mais aussi à l’Anglais, deux langues qui servirent à coloniser un territoire et son peuple, à les asservir. De l’histoire des Acadiens aux pensionnats pour Autochtones, c’est l’histoire d’un pays bâti sur un génocide qui se dessine sous nos yeux.

Carte postale d’archive.

Dans cette lettre, Maïlys Khider et Romane Frachon nous emmènent en Calabre, région d’Italie rongée par la mafia où le système de santé s’effondre encore plus qu’ailleurs. Pour lutter contre cette disparition, le gouvernement fait appel à des médecins venus de Cuba.

Carte postale signée Valeria Ferraro.

Dans cette lettre, Louise Aurat nous raconte l’histoire des plages d’Alexandrie et de leur disparition progressive, rongées par la montée des eaux et l’appétit insatiable des promoteurs immobiliers. Quand le secteur privé accapare la plage, c’est toute une sociologie de la ville et son rapport aux habitants qui changent.

Carte postale d’archive.

Dans cette lettre, Sébastien Boistel retrace les dérives de la municipalité de Martigues, une petite ville proche de Marseille. Se croisent vieux de la vieille du parti, entrepreneurs douteux et citoyens révoltés. Le communisme municipal, dévoyé par l’exercice du pouvoir, serait-il bel et bien en train de disparaitre ?

Carte postale d’archive de Barricata.

Dans cette lettre, Iman Ahmed nous raconte la disparition des pépins, ceux qui se fichaient dans les molaires et asticotaient la langue avant d’échouer sur un bord d’assiette. En les supprimant, l’agriculture industrielle fabrique désormais des fruits vides dans un monde stérile. Depuis une tranche de pastèque rose et noir jusqu’à la plus ancienne banque de graines du monde en Russie, l’autrice a suivi la piste des semences perdues.

Carte postale d’un auteur inconnu.

Dans cette lettre, Annabelle Perrin et François de Monès nous racontent sept jours dans la vie d’un bâtiment flottant de 315 mètres de long, 75 de haut et de ses 5 655 passagers. Une croisière à bord du MSC Bellissima à destination de… nulle part. On ne verra rien de Gênes, Naples et Barcelone, ni même de la Méditerranée, sous les fumées orange du fioul lourd. Le récit de la consommation à tout rompre comme idéal, à bord d’une bombe climaticide.

Carte postale signée Mathieu Pauget.

Dans cette lettre, Erwan Manac’h nous plonge au cœur de l’hôpital psychiatrique Saint-Ylie, à Dole dans le Jura. Il y raconte l’histoire d’un service public en train de craquer par manque de moyens et de personnel. Un récit où la « folie » ne se loge pas où on pourrait l’attendre.

Carte postale signée Vassily Kandinsky.

Dans cette lettre, Emmanuel Riondé nous parle du terrain de football de son enfance, celui de Montcabrier, petit village du Tarn à quelques dizaines de kilomètres de Toulouse. C’est sur ce pré qu’il a connu les victoires et les défaites, les premières cigarettes, les flirts et les mobylettes. Aujourd’hui, le terrain est voué à disparaître. Une autoroute inutile devant relier Toulouse à Castres compte bien raser tout ce qui se trouve sur son passage. Zones humides, forêts, champs… terrain de foot. Mais la résistance s’organise.

Carte postale signée Emmanuel Riondé.

Dans cette lettre, Emilienne Malfatto nous immerge dans les grandes terres marécageuses du sud de l’Irak. Victimes du réchauffement climatique et instrumentalisés à des fins guerrières, les marais de Mésopotamie sont en train de disparaitre. Avec eux, c’est toute une population vivant de ses bienfaits qui est contrainte de se déplacer.

Carte postale Emilienne Malfatto.

Dans cette lettre, Camille Regache nous raconte la disparition du seul escalator en Creuse. À travers cet objet, serait-ce un département entier qui a disparu ?

Carte postale signée Camille Regache.

Dans cette lettre, Louis Raymond nous transporte à Saïgon, à la recherche d’une ville si mouvante qu’elle disparaît. Il interroge ainsi le rapport qu’entretient un territoire avec son histoire. Ce qu’il reste et ce qui doit être conservé. Ce qui doit disparaître.

Carte postale signée Quynh Lam.

Dans cette lettre, l’écrivain Joseph Andras s’adresse à Oznûr Deger, une journaliste kurde de 24 ans enfermée par le régime d’Ankara, comme des dizaines de milliers d’autres prisonniers politiques en Turquie. Son crime ? Être une femme, journaliste, kurde.

Carte postale Yann Le Bec.

Marianne Skorpis Rimo nous écrit depuis Qaanaaq, un village du Groenland, pour nous parler de la disparition des chiens de traineau. Réchauffement climatique, perte des traditions et motoneiges, autant de facteurs qui pourraient faire disparaitre les chiens de la culture groenlandaise. À moins que ce ne soit pas près d’arriver…

Carte postale Marianne Skorpis Rimo.

Dans cette lettre, Annabelle Martella nous plonge dans des quartiers de Roubaix, touchés par le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) synonyme de disparition des habitations. Sous prétexte de rénovation, les habitants sont chassés de chez eux, souvent sans solutions de relogement satisfaisantes. Des souvenirs, des vies et des histoires qui disparaissent au rythme des démolitions.

Carte postale signée Lou-Anna Ralite.

Dans cette fiction/enquête, Thaïs Pigeault nous raconte l’histoire de trois amis. Tous ont grandi en Lozère. Et tous ont foutu le camp après le lycée. Une envie d’ailleurs, de ville, de bars et de bruit. Thaïs retrace ces vies qui, loin de leurs racines, peu à peu, s’effritent. Le désir de retour sur les terres de notre enfance. On pense à une phrase de Roland Barthes : « Au fond, il n’est Pays que de l’enfance. ».

Carte postale signé Thaïs Pigeault.

Dans cette lettre, Amélie Mouton est partie à la recherche d’une cité disparue : Ubar, l’Atlantis des sables. Située dans le plus grand désert de sable du monde, le Rub’ al-Khālī, sur le territoire du Sultanat d’Oman, la ville aurait été engloutie par le sable. Un châtiment divin pour punir ses habitants, trop riches et impies pour avoir encore besoin d’un dieu. Une Sodome et Gomorrhe de la péninsule arabique qui pourrait bien témoigner de la fragilité de royaumes actuels, fondés sur l’exploitation suicidaire du pétrole.

Carte postale signée Grzegorz Gajewski.

Dans cette lettre, Sophie Benard s’adresse à son corps. Celui d’une trentenaire qui constate la disparition progressive de la fermeté de ses fesses. En le confrontant à d’autres corps de femmes, elle interroge les rapports personnels et sociaux que l’on entretient avec son enveloppe charnelle. Quand le corps devient vecteur d’émancipation.

Carte postale signée Caroline Dejoie.

Dans cette enquête/reportage, Émilien Bernard a souhaité savoir où sont passées les personnes exilées à Lampedusa. Sur cette petite île italienne proche des côtes tunisiennes et libyennes, impossible de les apercevoir après leur prise en charge à la descente du bateau. Une invisibilisation orchestrée comme un ultime processus de déshumanisation. Faire disparaitre pour repousser, nier, se dédouaner.

Carte postale signée Francesco Piobbichi.

Le point de départ : le récit intime d’un avortement dans un petit hôpital de province. Puis une enquête : est-ce plus difficile d’avorter dans une petite ville ? Pas de réponse définitive, mais une série de témoignages bouleversants qui racontent tous une histoire de violence et d’humiliation. Une lettre signée Laury Caplat.

Carte postale signée Stéphane Lagoutte.

Direction Madagascar à la découverte d’un mythe, qui restera malheureusement au rang de mythe. Une société pirate démocratique, libertaire, horizontale et antiraciste, où l’esclavage aurait été aboli, les privilèges amoindris et les richesses équitablement réparties. Un mythe donc, mais qui possède encore aujourd’hui une forme émancipatrice intrinsèque dont nous avons terriblement besoin. Face à nos désirs d’utopies, pourquoi ne pas se dire que Libertalia a bel et bien existé ? Une lettre signée Emmanuel Riondé.

Carte postale signée Stéphane Frances.

Il fait froid et il pleut un peu. On est à Burslem en Angleterre. La première ville anglaise où l’on ne peut plus retirer d’espèces au distributeur… car il n’y en a plus. On appelle ça un « cash desert ». La raison ? Les banques ne veulent plus payer l’entretien des automates pour une population extrêmement pauvre. Il faut dire qu’à Burslem, il y a 40% de chômage et de nombreuses personnes qui ne savent ni lire ni écrire. Pour éviter que les SDF ne meurent totalement de faim, de bonnes âmes issues de start-up londoniennes ont eu la brillante idée d’accrocher un QR code au cou de ces pauvres gens. Ainsi, le passant généreux pourra faire un virement de quelques centimes… Une dystopie ? Non, la réalité qui nous attend sûrement. Une lettre d’Anne-Dominique Correa.

Carte postale signée Fabio De Paola.

Paul Lorgerie nous embarque à bord d’un convoi militaire français quittant le Mali. De Gossi, ville de nord du pays où se trouve la première base fermée par l’armée française, à Gao, où était installé le fort des troupes. 36 heures de voyage dans un véhicule blindé cahotant sur l’une des routes les plus dangereuses du Mali, sous une chaleur de plomb. L’occasion d’évoquer l’Odyssée d’Homère et les plaines d’Ouzbékistan, les brouilles diplomatiques et les conflits géopolitiques, l’État islamique dans le Grand Sahara et les mercenaires russes du groupe Wagner.

Carte postale signée Paul Lorgerie.

C’est le récit d’une flamme. Vibrante, flamboyante, qui a éclairé des siècles. Presque une éternité. Perchée sur sa bougie, elle a dansé. Puis, elle a faibli et laisse maintenant place à une extrémité orangée. Bientôt, la fumée légère et blanche qui s’en dégagera indiquera que c’est vraiment la fin. Bientôt, l’Afrique du Nord ne comptera plus de Juifs. Quelques mots écrits par la journaliste Eva Tapiero, une correspondance, pour se mettre ensemble autour du feu et se souvenir qu’il a brûlé.

Carte postale signée Eva Tapiero.

À Beyrouth, Wadad Halwani se bat pour que la mémoire des disparus de la guerre ne disparaisse pas. Inlassablement, cette militante a archivé les histoires d’un grand nombre d’entre eux afin que justice leur soit rendue. Aujourd’hui, son fils Ghassan poursuit l’œuvre de sa mère en transmettant ces précieuses archives aux historiens, chercheurs, journalistes et citoyens du Liban. Emmanuel Haddad retourne sur les lieux de ces luttes passées et actuelles aux côtés de Wadad et Ghassan et interroge notre rapport à la mémoire.

Carte postale signé Emmanuel Haddad.

Une lettre adressée à Gaston Deferre qui retrace l’histoire méconnue des îles du Frioul, situées à quelques kilomètres de Marseille. Des hangars, un projet touristique délirant, une batterie allemande… Une île entière de disparitions, en couches successives.

Carte postale signée Raphaël Meltz.

« Nous ignorons par quelles étranges circonstances nous est parvenue cette lettre, datée du 19 juin 2127, qu’adresse à « son seul ami » un mystérieux « Chip », un Américain qui se dit être « le dernier prisonnier au monde ». Nous ne disposons évidemment d’aucun moyen de l’authentifier, mais nous l’estimons d’intérêt public. » Une lettre de fiction basée sur des faits réels qui raconte les évolutions des politiques carcérales, écrite par Aileen Birdman.

Carte postale signée José Muñoz.

Dans cette lettre, Raphaël Meltz s’interroge : « tout doit disparaître », cette vieille rengaine, combien de fois l’a-t-on entendue ? Tout, mais tout quoi ? Un immeuble jugé vétuste, comme si le quartier autour, lui, était en bon état ? Et ne pas faire du journalisme comme un journaliste, est-ce possible encore, aujourd’hui ? Se mettre dans un coin pas vraiment pour regarder ; simplement dire : ça me regarde.

Carte postale signée La Disparition.

Jean-Pierre Levaray est ouvrier syndicaliste et écrivain. Dans ce texte de fiction, l’auteur raconte la disparition d’un quartier portugais alors que l’usine de la ville vient de fermer. Un récit sur les traces que laisse le travail dans la vie des gens, dans leur chair et dans leur mémoire. Sur la fracture entre ceux qui partent et ceux qui restent. Sur la persistance des lieux.

Carte postale signée Charlotte Got.

En 2008, la Guadeloupe comptait 1 800 marins-pêcheurs sur son archipel. Ils sont désormais moins de 1 000. La fracture numérique, la dématérialisation des services de l’État, les lenteurs administratives, les maigres revenus, le chlordécone… Dans une lettre adressée à son oncle, pêcheur lui aussi, la journaliste Lucie Duboua-Lorsch raconte, depuis la Guadeloupe, les difficultés d’un métier en voie de disparition.

Carte postale signée Edouard Boubat.

Peut-on tout réparer ? Est-il possible de panser chaque plaie, de recoudre chaque balafre, de ressouder chaque brisure sans être définitivement défiguré ? Dans ce texte, l’autrice Lucie Taïeb retrace l’histoire de la mine de charbon de Cottbus dans le Brandebourg en ex-Allemagne de l’Est. Une installation fossile qui a nécessité la disparition de nombreux villages occupés par une minorité slave depuis le XIVe siècle. Tout cela pour une petite dizaine d’années d’exploitation. Aujourd’hui, l’entreprise tente de “compenser” l’atteinte à l’environnement, à la culture, au paysage. Mais ce qui a disparu ne reviendra jamais.

Carte postale signée Conrad Felixmüller.

Dans cette lettre, l’auteur Adrien Absolu embarque pour la République démocratique du Congo à la recherche de la mouche Tsé-Tsé, grande meurtrière de l’humanité, qui cause la mortelle maladie du sommeil. Traversant les époques, de son enfance à aujourd’hui, en passant par la médecine coloniale des XIXe et XXe siècles, il raconte la difficile lutte contre une épidémie. Une lettre qui résonne.

Carte postale d’archive.

À Lagos, capitale du Nigeria, la nature est en train de disparaitre. Tout comme l’espace. Dans cette mégapole tentaculaire, la spéculation immobilière lorgne sur la moindre parcelle inexploitée. Dans cette lettre, la journaliste Sophie Bouillon raconte l’histoire d’un homme qui, contre vents et marées, a choisi de ne pas vendre son terrain en plein centre de Lagos. Sur ses terres, transformées en parc, des arbres poussent et racontent une histoire d’amour, son histoire d’amour.

Carte postale signé Clément Thoby.

“Je donnerais n’importe quoi pour faire revivre Internet et sentir toutes les connaissances du monde gigoter sous mes doigts. Ici dans le village, personne n’a jamais entendu parler d’un tel phénomène. Serais-je la première?  » Dans ce récit de science-fiction, l’autrice Corinne Morel Darleux suggère la disparition d’un monde, le nôtre. À la suite d’un effondrement ? D’une catastrophe nucléaire ? La question n’est pas là. Ce qui compte c’est la naissance d’une société nouvelle libérée des constructions sociales actuelles… Une lettre venue du futur.

Carte postale signée Irène Tardif.

Depuis sa terre natale, le journaliste Julien Brygo raconte la disparition du BCMO (Bureau central de la main-d’œuvre) des dockers de Dunkerque, rasé en 2004. À travers la disparition du bâtiment, il retrace la fin du syndicalisme de gauche dans le seul port de France qui n’a connu aucune grève depuis 30 ans.

Carte postale signée Julien Brygo.

Mayotte, au milieu de l’océan Indien, constitue pour de nombreux migrants une porte d’entrée pour l’Hexagone et, plus largement, pour l’Europe. Aujourd’hui, près de la moitié des demandeurs d’asile sont originaires de l’Afrique des Grands Lacs (Rwanda, Burundi, République Démocratique du Congo). Dans cette lettre, la journaliste Cécile Massin leur donne la parole et interroge la notion de disparition au prisme de l’exil. Une correspondance qui raconte un rapport ambigu et souvent douloureux au pays laissé derrière eux, à mi-chemin entre la perte, la nostalgie et l’espoir.

Carte postale signé Cécile Massin.

Le journaliste Quentin Müller est parti à la rencontre des derniers arbres dragons sur terre, essence millénaire qui ne pousse que sur l’île de Socotra, au large du Yémen. Un récit d’aventures, semé d’embûches et marqué par la beauté d’une nature qui, irrémédiablement, se transforme et disparaît. En creux, cette lettre raconte le métier de reporter, ses moments d’attente, de solitude et de joie.

Carte postale signé Quentin Müller.

L’auteur et cinéaste Mehdi Charef raconte la disparition du rêve d’intégration en France. Dans une lettre amère et désabusée, il dresse le tableau d’un pays qui ne parvient plus, si tant est qu’il y soit déjà parvenu, à intégrer des populations venues d’ailleurs. Une lettre accompagnée d’un poster réalisé par Jules Magistry et librement inspiré du premier film de Mehdi Charef, Le thé au harem d’Archimède.

Carte postale signée Jules Magistry.

Le journaliste indépendant Julien Brygo raconte la disparition annoncée des chauffeurs routiers aux États-Unis, supplantés par des camions « intelligents » sur fond d’Amazonisation de l’économie. Une disparition qui pourrait toucher 3,5 millions de foyers, le nombre de camionneurs américains (c’est le métier le plus commun dans une grande majorité des États du pays) !

Carte postale signée Julien Brygo.